Combien de spectateurs se rendant au Zénith ou d’habitants des rues Henry Brun, Jean Prouvé etc.., savent qu’ils pénètrent pour les premiers, ou résident, pour les seconds, dans une ancienne et imposante carrière d’extraction de calcaire ?
Une gisement de calcaire
Très peu sans aucun doute car les travaux d’aménagement réalisés ces vingt dernières années ont effacé toute trace de cette activité industrielle qui aura duré plus d’un siècle et s’est terminée en 1984. La côte de Maxéville renferme à son sommet un très beau gisement de calcaire qui a fait la réputation de la commune, au même titre que le gisement de fer situé, lui, à la base de cette côte. La toute première carrière de calcaire qui était située à l’emplacement actuel du motocross a été exploitée au 19e siècle et jusqu’en 1920 par une entreprise locale qui avait construit un téléphérique reliant cet endroit au canal et à la voie ferrée dans la vallée de la Meurthe. Le calcaire extrait manuellement était acheminé jusqu’aux bateaux ou aux wagons par ce téléphérique.
En 1920, la société Solvay de Dombasle a acheté cette carrière, ainsi que le vaste domaine de la ferme Saint-Jacques (dont les bâtiments étaient situés à l’emplacement actuel d’Aubade). Avec l’accroissement de ses besoins en calcaire pour l’usine de Dombasle, Solvay a pu, à partir de 1927, fortement augmenter la production grâce à la mise en service d’une puissante installation de concassage et à l’implantation d’un réseau de voie ferrée pour un petit train reliant le front d’abattage au concasseur. Le front d’abattage de la roche traitée à l’explosif, d’une épaisseur de 24 mètres, a progressé jusqu’en 1950 en direction de l’ouest. Le talus qui borde le bâtiment du Zénith matérialise son existence. C’est à partir de cette année-là qu’une seconde carrière a été ouverte de l’autre côté de la route D30 qui prolonge la rue de la République, sur le plateau du Haut du Lièvre. Le petit train a très vite disparu, remplacé par des gros camions offrant plus de souplesse.
Une exploitation hors du commun
Cette carrière a été peu à peu encerclée par l’urbanisation du Haut du Lièvre, la construction de la clinique Gentilly et l’implantation de l’autoroute A31, ce qui n’a pas manqué de compliquer son exploitation. En 1984, le front d’abattage ayant atteint la limite ouest autorisée, l’activité d’extraction du calcaire prit fin le 1er juin de cette année-là. Emblématique du paysage de la banlieue Est de Nancy, le transporteur aérien appelé TP Max, qui reliait la carrière à l’usine de Dombasle, a acheminé nuit et jour ses nombreuses petites bennes remplies de calcaire durant 60 années avec une régularité remarquable. Il a pulvérisé les records européens de longueur (18 km) de durée (60 ans) et de tonnage transporté (50 millions de tonnes) sans créer le moindre accident à ses nombreux riverains. Il a disparu en même temps que la carrière en 1984.
La carrière Solvay de Maxéville et son transporteur aérien ont été pourvoyeurs d’emplois. À l’origine, lorsque l’extraction était encore manuelle, l’effectif s’élevait à environ 550 personnes. Il s’est ensuite stabilisé au fur et à mesure de la modernisation à 150 personnes environ. Solvay a construit rue de la Justice à Maxéville un groupe de 112 cités qui furent très appréciées de leurs occupants. Le personnel était très attaché à la société Solvay en raison des nombreux avantages sociaux dont il bénéficiait à cette époque. Il était fréquent que plusieurs générations d’une même famille se succèdent au cours de ces 60 années. C’est le développement de l’urbanisation à proximité de la carrière et du transporteur aérien qui est à l’origine de la cessation d’activité de la carrière Solvay à Maxéville. Cette activité se poursuit, depuis lors, dans la vallée de la Meuse à Saint-Germain sur Meuse.